Huitième opus de la saga, Final
Fantasy VIII ne se contente pas de suivre la voie ouverte par ses prédécesseurs. Au programme : remaniement en
profondeur de son système de jeu, scénario plus envahissant et histoire d'amour riche en rebondissements constituent
ainsi les racines de cette inoubliable aventure plus romantique qu'épique. Une huitième fantaisie atypique donc, mais
aux charmes indéniables. Pour la première fois depuis de longues années, un jeu pousse les capacités d'une console de
jeux au-delà de tout ce qui s'était jamais fait jusqu'ici. Le plus surprenant est que ce jeu sorte sur une console
qui semblait avoir déjà atteint ses limites, la Sony PlayStation ! Ce n'est pas étonnant de constater que FFVIII fut le
plus attendu de Squaresoft !! Ce 8ème épisode, parmi les plus populaires de toute l'histoire des jeux vidéos, est un
formidable exploit, non seulement du côté scénario et gameplay, mais aussi du point de vue graphisme et animation.
Tout cela devient encore plus impressionnant quand on se rend compte que cet exploit est accompli sur une console de
jeux technologiquement obsolète depuis des années.
Il y a de nombreux changements dans Final Fantasy VIII, tels qu'une nouvelle personnalisation des personnages et une gestion de la magie repensée, laquelle n'est plus apprise ou achetée ; on la vole à nos adversaires et on peut également en trouver à des sources de magies disséminées un peu partout au cours du jeu. La personnalisation des personnages se fait au moyen du système de Jonction, lequel nous permet de déterminer les compétences et pouvoirs utilisés pour augmenter les capacités des Guardian Forces (G-Forces) de chaque personnage et l'inventaire des sorts magiques. Tout ceci augmente considérablement le gameplay, sachant que deux joueurs différents peuvent également finir par emprunter des démarches totalement différentes pour augmenter la puissance et les compétences de chaque personnage. Final Fantasy VIII reste également similaire aux précédents épisodes de la série avec les combats à tour de rôle, un menu facile d'accès et les performances musicales ainsi que les superbes effets sonores fait par Nobuo Uematsu, qui rehaussent grandement l'impression de réalisme du jeu.
Les moyens mis en oeuvre pour bâtir
le gigantesque navire Final Fantasy VIII n'ont rien à envier aux récentes superproductions hollywoodiennes. Grâce à
une enveloppe de 156 millions de francs, soit tout de même 72 millions de francs de moins que pour FFVII, la Final
Fantasy Team a décidé de réaliser son propre rêve : créer une grande aventure ludique dynamisée par un souffle
cinématographique très présent. Résultat immédiat, si l'on constate que la liberté de jeu a été relativement
restreinte, en comparaison avec les précédents épisodes de la saga, l'intensité et les rebondissements dramatiques
sont à la fois mieux introduits et plus nombreux ! En clair, malgré la multiplication des péripéties, vous serez
toujours subtilement guidés afin d'éviter d'errer désespérément comme certains s'en étaient plaints dans FFVII. Le
choix n'était pas évident à effectuer car parvenir à bien équilibrer divertissement et émerveillement s'opère
rarement sans concession sur l'interactivité. Ainsi, Final Fantasy VIII se joue et se regarde comme un vaste film
dont vous seriez le héros. Au cœur de cette quête, on retrouve le couple formé par Squall Leonhart et Linoa
Heartilly. Deux âmes tourmentées, magistralement mises en scène, qui tenteront de s'unir malgré l'avalanche de drames
qui les accableront. Vous vivrez l'histoire de ces deux amoureux à travers une aventure stupéfiante de réalisme. Dès
lors, on constate que la principale force du jeu provient de l'implantation de nombreuses attitudes et expressions
chez les personnages. Ceci confère immédiatement à ces êtres en 3D une véritable présence à l'écran et insuffle, dans
le même temps, un sentiment de vie inédit sur Playstation. Parfois exubérants ou empruntés, les héros évoluent en
tout cas avec une gestuelle plus vraie que nature et l'abandon de la représentation en SD (super deformed)
typiquement japonaise au détriment d'un physique plus occidental compte aussi beaucoup dans cette sensation de
réalisme. Clairement, cette version de Final Fantasy se voulait beaucoup plus internationale. Sans parler des
cinématiques dont la qualité d'esthétisme et d'animation se révèlent tout simplement renversantes. Certaines scènes
où les héros se meuvent dans des véritables foules composées de centaines de figurants numériques laissent sans voix.
Les expressions du visage permettent alors de ressentir les sentiments les plus profond des protagonistes. La joie,
la surprise, la peine ou encore la haine sont immédiatement perceptibles. Alors, même si le scénario flirte parfois
avec une caricature de sitcom, même si les passages à l'eau de rose sont légions, le charme de Final Fantasy VIII est
tel qu'on se laisse emporter dans cette grande épopée où guerre et amour se livrent une lutte acharnée. Qui sait, en
mettant l'accent sur le thème du sentiment amoureux, Square a peut-être voulu rendre Final Fantasy VIII beaucoup plus
attirant à un nouveau public : la gente féminine. Et si Aragon déclarait que "l'avenir de l'homme c'est la femme "
... Square a peut-être songé de même pour les RPG. En tout cas, c'est l'impression qui se dégage de Final Fantasy
VIII. Est-ce un mal ? Certainement pas ! En revanche cela modifie-t-il l'approche du jeu ?
Afin de rassembler un public
toujours plus conséquent, les développeurs de Final Fantasy VIII ont dû retravailler leur système de jeu pour le
rendre toujours plus accessible et complet. Premier choc pour les amateurs de RPG, les points de magie ont disparu !
En fait, vous serez désormais obligé de voler à vos adversaires les sorts que vous leur lancerez par la suite. Il
suffit donc de se constituer de sérieux stocks sans se préoccuper de son niveau de magie au cours des combats. Les
néophytes devraient apprécier. Autre changement en profondeur par rapport à FFVII, les matérias d'invocation cèdent
ici leur place aux Guardian Force (GF). Ainsi, vous comprendrez assez vite que les invocations se situent désormais
au cœur des rouages de FFVIII. Une bonne connaissance de ces monstrueux alliés s'avèrent nécessaire à la bonne marche
des évènements. N'allez cependant pas en déduire que le système de jeu a été complexifié, bien au contraire. Dans
cette aventure, vous serez entièrement libre de paramétrer vos habilités (invoquer vos GF, voler des objet, lancer
des sortilèges). Sinon, outre ces quelques évolutions, dans le fond Final Fantasy VIII reste un RPG classique axé
autour de la célèbre règle du village-donjon-combats. Ainsi plus que jamais, les affrontements aléatoires
excessivement dynamiques donneront lieux à de véritables feux d'artifices d'effets visuels tous plus remarquables les
uns que les autres. Tout semble avoir été conçu pour impressionner le joueur et le côté hautement spectaculaire des
combats estompe la relative répétitivité. Finalement, grâce à sa réalisation graphique superbe, son atmosphère à la
fois chaleureuse et mystérieuse, sa durée de vie conséquente (4 CD, tout de même) ainsi que sa plus grande
accessibilité, Final Fantasy VIII combine tous les ingrédients de l'aventure inoubliable. Il apparaît alors
clairement que, pour Square, ce RPG symbolise le rapprochement entre les industries du cinéma et du jeu vidéo. D'un
coté les charmes du cinéma avec la mise en scène et son scénario bien montés mais un peu dirigiste, de l'autre un
divertissement pur. Alors, si les accros de RPG traditionnels risquent d'être dans un premier temps, quelque peu
désarçonnés, Final Fantasy VIII, en définitive, permet à un nouveau public de découvrir qu'à l'image du cinéma, les
jeux vidéo sont aussi capables de véhiculer des émotions poignantes (pour peu que l'on soit sensible au romantisme -
c'est l'effet Titanic). Néanmoins, quoi qu'il en soit, Final Fantasy VIII restera un épisode atypique dans la série.