Consciente de l'importance acquise au fil des ans par la série Final Fantasy, l'équipe de Square a très clairement souhaité faire de ce premier épisode PS2 un titre susceptible de franchir un nouveau cap dans le monde du RPG sur consoles. Final Fantasy X est donc avant tout synonyme de bouleversements majeurs par rapport à des règles de gameplay précieusement conservées tout au long de la série. Le jeu apporte ainsi un vent de fraicheur dont certaines composantes ne seront peut-être pas du goût de tous, ce qui n'empêche pas ce titre d'être une incontestable réussite, un voyage que l'on a plaisir à entreprendre de bout en bout, à condition d'accepter de laisser sa propre sensibilité nous guider jusqu'au terme de cette quête onirique.
L'histoire narrée dans Final
Fantasy X mêlera le destin de sept personnages que tout semble opposer, et qui pourtant sauront faire preuve d'une
complémentarité surprenante pour mener à bien leur quête. Tous ont leur propre histoire et dissimulent un charisme
qui se dévoilera peu à peu au fil du jeu tandis qu'ils évolueront vers un but commun : permettre à Yuna d'accomplir
son voyage initiatique pour maîtriser l'invocation de l'ultime chimère, et sauver leur monde de l'emprise maléfique
de Sin.
Une quête passionnante qui implique le joueur dès les premières secondes, et dont les moments forts tout comme les instants tragiques seront illustrés par un florilège de cut-scenes et de séquences cinématiques en images de synthèse. Sur ce point, on peut dire que Final Fantasy X est sujet à ce que j'appellerais le syndrôme MGS2 ; à savoir un soft qui comporte énormément de phases de jeu passives pour le joueur. Une caractéristique synonyme de lourdeur pour certains, un gage de richesse scénaristique pour d'autres...
La richesse de Final Fantasy X est incontestable, notamment au niveau du gameplay. Comme je l'ai dit plus haut, ce dixième opus introduit un certain nombre de changements majeurs par rapport aux précédents volets. Sans être complètement exhaustif, certains points méritent d'être détaillés ici pour mieux comprendre les implications de ces bouleversements. Le plus étonnant, sans doute, est l'absence de points et de niveau d'expérience pour les personnages. Si ces derniers évoluent au fil de leur quête, toutes les compétences qu'ils acquièrent dépendent des choix que fait le joueur dans un sous-menu appelé sphérier. Ce système, à la fois simple et efficace, permet d'upgrader les capacités de ses personnages de façon très libre, à l'aide de sphères obtenues durant les combats.
La gestion des combats, justement,
se trouve considérablement renouvelée dans ce nouveau chapitre. Si l'on retrouve toujours au niveau de l'interface
les commandes d'attaques, de sorts ou de techniques, on peut désormais remplacer n'importe quel personnage en combat
par un autre mieux adapté à la situation. Ce système se complète avec d'autres subtilités, comme la fenêtre d'ordre
des tours, le système d'Overdrive, un coup dévastateur que l'on peut déclencher après avoir rempli
certaines conditions, ou encore d'Overkill, une attaque largement supérieure à l'endurance de la cible. Les
invocations sont ici réservées à Yuna et prennent la forme de chimères qui s'obtiennent en réussissant
les épreuves dans des temples, et que l'on peut contrôler en plein combat. Il faut alors jouer subtilement des
commandes Garde et Stocker en anticipant les attaques de l'adversaire pour tenter de provoquer plus rapidement
l'Overdrive de la chimère, afin de déclencher un coup spécial dévastateur et visuellement très impressionnant, sans
oublier qu'on peut par la suite lui augmenter ses statistiques ou lui apprendre de nouveaux sorts.
En ce qui concerne la version PAL,
les responsables de la localisation ont fait le choix discutable de conserver le doublage anglais au lieu des voix
japonaises, tandis que les textes sont intégralement traduits en français. Quoi que l'on ait à lui reprocher de ce
côté-là, Final Fantasy X constitue tout de même le premier FF à proposer un doublage vocal, et le résultat est tout à
fait appréciable. Reste que le principal reproche que l'on pourrait faire à cette version PAL est son absence
d'option 60 Hz. Le jeu souffre donc de grosses lacunes techniques dues au mode 50 Hz (les bandes noires
envahissantes, l'image écrasée, les cut-scenes saccadées et aliasées, les animations moins fluides, etc...). C'est
aussi déplorable que scandaleux, mais cela ne doit en aucun cas constituer un obstacle suffisant pour vous empêcher
de découvrir ce monument du jeu vidéo.
Quelques mots sur le
Blitzball... Sport de prédilection de Tidus et Wakka, le Blitzball est une discipline aquatique d'une grande
importance dans Final Fantasy X. En plus des matches que vous devrez jouer, vous pourrez recruter des joueurs
n'importe où dans le jeu en parlant à différents personnages, et même vous entraîner à partir des points de
sauvegarde. Sans être réellement passionnant, le Blitzball se traduit dans le jeu de façon assez stratégique via un
système de statistiques plutôt original.
Si l'on ajoute à tout cela une durée de vie particulièrement longue, une progression pleine de rebondissements, et la présence d'un DVD bonus avec des interviews, des avant-premières, des musiques, ou même des galeries de portraits, difficile de trouver un argument suffisant pour ne pas se procurer ce titre incontournable. Le jeu n'est sans doute pas parfait et les défauts de localisation gâchent forcément le plaisir, mais les inconditionnels tout comme les novices y trouveront certainement leur compte.