La Passion du Rétrogaming au Cœur d’Akihabara
Dans le vibrant quartier d’Akihabara à Tokyo, célèbre pour ses boutiques dédiées à la pop culture japonaise, un petit magasin attire de plus en plus de visiteurs : « Super Potato ». Ce lieu, véritable caverne d’Ali Baba pour les amateurs de jeux vidéo anciens, est devenu un incontournable pour les collectionneurs du monde entier. Les allées étroites de cette échoppe, nichée dans les étages d’un immeuble, sont remplies de trésors d’antan, où les curieux et les passionnés de rétrogaming se croisent dans une ambiance chargée de nostalgie.
M. Komura, le gérant du magasin, témoigne de l’augmentation significative de la clientèle étrangère : « Les touristes étrangers sont de plus en plus nombreux depuis une dizaine d’années. Ils représentent aujourd’hui 70 à 80% de notre clientèle. » Cette tendance est confirmée par David Madrigal, un touriste américain de 23 ans, qui s’émerveille devant une pile de consoles jaunies par le temps : « Quand je suis rentré, j’étais comme un gamin dans une confiserie. C’est ma passion. J’adore les vieilles consoles. »
Une Fenêtre sur la Culture Japonaise
Pour John Wamba, un Californien de 31 ans, l’engouement pour les jeux japonais anciens s’explique par l’impact culturel de franchises emblématiques comme Pokémon et l’influence de Nintendo. Ces produits ont servi de passerelles vers la culture japonaise pour de nombreux occidentaux. David Madrigal, quant à lui, a récemment acquis une PlayStation Vita pour 200 dollars, un prix bien inférieur à celui qu’il aurait dû payer aux États-Unis, profitant de la faiblesse actuelle du yen.
La Nostalgie au Cœur du Rétrogaming
L’historien du jeu vidéo Hiroyuki Maeda souligne que certaines consoles, jamais commercialisées en dehors du Japon, sont particulièrement prisées par les collectionneurs étrangers. Les consoles Famicom et Super Famicom de Nintendo, par exemple, sont très recherchées car elles ont été lancées à l’étranger sous des noms différents. « Si vous venez au Japon et que vous voyez une machine que vous n’avez jamais vue auparavant, vous avez envie de l’acheter. Cela stimule l’âme du collectionneur », explique-t-il.
À deux heures de route de Tokyo, Proudro, un collectionneur japonais, partage cette passion. Sa maison, véritable musée du jeu vidéo, abrite des milliers de jeux et de consoles d’autrefois. Pour lui, l’attrait de la collection réside dans la nostalgie des souvenirs d’enfance : « Être entouré par les jeux, leurs sons, leur ambiance, les regarder et rêver, cela suffit à mon bonheur. »
Une Valeur en Hausse
Proudro a investi sans compter dans sa collection, dont certaines pièces atteignent des prix astronomiques. Une version sous emballage du jeu « Super Mario Bros. », sorti en 1985, s’est vendue pour deux millions de dollars en 2021. Pourtant, jusqu’à la fin des années 1990, ces vieux jeux n’avaient quasiment aucune valeur. « Dans les magasins, ils étaient entassés dans des bacs et vendus entre 10 et 1.000 yens », rappelle M. Maeda.
Proudro se souvient de ses recherches à travers le Japon, où il dénichait des trésors dans des boutiques de jouets. « Aujourd’hui, cela ne serait plus possible. Ces magasins ont disparu et avec Internet, tout le monde s’est mis à faire de la revente », ce qui a fait exploser les prix.
Un Appel à la Préservation
Fier de sa passion, Proudro a fondé une association pour rassembler les amoureux du rétrogaming du monde entier. Cependant, il exprime un regret : « Je me dis que ces biens japonais devraient rester au Japon. C’est un peu comme les estampes japonaises autrefois, qui sont parties à l’étranger avant d’être rachetées par le Japon. » Il déplore que l’archipel soit lent à réaliser la valeur de ses œuvres.
Ainsi, au cœur d’Akihabara, le rétrogaming ne se limite pas à une simple passion pour les jeux vidéo anciens. C’est un véritable phénomène culturel qui relie les générations et transcende les frontières, tout en rappelant l’importance de préserver l’héritage vidéoludique japonais.
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